Le Cruiser.
1. Qu'est ce que c'est ?
Le Cruiser est un pesticide dont la molécule active est le Thimaméthoxam(ou thiamétoxam, ou thiaméthoxame).
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En tant que chimiste, j'assure que cette molécule a une structure typique d'un neurotoxique. Donc à manipuler avec précaution non seulement pour la vie des insectes, mais aussi pour préserver la santé des hommes en contact avec le produit (agriculteur).
C'est un bloqueur de l'acétylcholine: en clair son action consiste à bloquer la transmission de l'influx nerveux au niveau des synapses (les liaisons nerveuses) !
2. Il sert à quoi ?
C'est un insecticide (tue les insectes, l'abeille est un insecte !) qui permet aux agriculteurs de protéger leurs graines de maïs par enrobage, contre le taupin et les oscinies.




Maïs enrobé de Cruiser, vers communément appelé fil de fer qui conduit au taupin, oscinie.
Cette même molécule peut aussi servir à détruire les pucerons. Le produit commercial s'appelle alors l'Actara 25WG, il est utilisé pour traiter les arbres fruitiers et se trouve dans des insecticides pour traiter les tomates.
Très puissant, un puceron qui lèche une plante traitée meurt en moins de 15 minutes. La puissance de celui-ci envers nos abeilles est donc redoutable !
Ces molécules sont fabriquées par la société Suisse Syngenta,issue de la fusion en 2000 de Novartis et AstraZeneca (industries pharmaceutiques). Leader mondial en agriculture, Syngenta excelle en matière de chimie, notamment dans le domaine des insecticides et en agrorecherche pour la production de graines et d'OGM.
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3. La législation.
C'est le Ministre de l'agriculture et de la pêche, Michel Barnier, qui a autorisé l'usage du Cruiser par sa lettre de décision du 17 décembre 2008.
Ce sont les ministres :
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de l’agriculture et de la pêche,
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d’Etat, ministre de l’écologie, de l’énergie, du développement durable et de l’aménagement du territoire,
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de l’économie,
de l’industrie et de l’emploi,
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de la santé et des sports,
qui ont signés l'arrêté du 13 janvier 2009 relatif aux conditions d’enrobage et d’utilisation des semences.
Ils ont tous lus le rapport de l'Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments (AFSSA) qui a porté un avis favorable à son usage, mais ne semblent pas avoir lu les consignes d'usage du produit et sa fiche de toxicologie (voir plus bas).
4. Pourquoi est il dangereux ?
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D'abord c'est un insecticide. Il tue les insectes et les abeilles sont des insectes.
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Les graînes sont enrobées et ne doivent pas être mises en place sans précautions. Notamment il convient d'équiper les épendeurs de déflecteurs, sans qui la poussière vole vers des fleurs qui seront alors visitées par les abeilles qui vont alors l'ingurgiter et mourrir.
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Les agriculteurs peuvent aussi en respirer et présenter alors des troubles de santé.
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Très soluble dans l'eau, Cruiser peut ainsi contaminer les cours d'eau et intoxiquer les poissons.
Je ne suis pas ministre de l'agriculture et de la pêche, de l'écologie ou de la santé, mais lorsque je lis la fiche de toxicologie du Cruiser, plusieurs points m'interpelles :



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le risque poussière est important et derrière un tracteur au travail, il ne faut pas sortir de l'X pour comprendre d'où provient le nuage rouge !
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il est conseillé à l'agriculteur de se protéger le corps, les mains et les voies respiratoires lorsqu'il sème !
enfin deux phrases de la fiche toxicologique n'appellent aucun commentaire si on sait lire :
"Information écologique
supplémentaire : Dangereux pour les abeilles et autres insectes pollinisateurs."
"Très toxique pour les organismes aquatiques, peut entraîner des effets
néfastes à long terme pour l'environnement aquatique."
5 Que font les apiculteurs ?
La FNOSAD (Fédération Nationale des
Organisations
Sanitaires
Apicoles
Départementales) envoie une alerte Cruiser aux GDSA (Groupement Défense Sanitaire des Abeilles).
Le ministère de l'agriculture et de la pêche indique la démarche à suivre en cas de constat de mortalité d'abeilles aux alentours de champs de maïs.
Au sénat, on s'interroge sur l'utilisation du Cruiser, ses conséquences pour l'apiculture et la mise en oeuvre du principe de précaution grâce à la question écrite n° 04865 de M. Thierry Repentin (Savoie - SOC).
6. Références.
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