Essaim artificiel pour les nuls

Comment étendre son rucher par division (essaim artificiel), sans monter une usine à gaz et sans avoir besoin de déplacer une ruche à 3 km.

Objectif :

Bon, ben comme d’habitude, une recette miracle !
Trois ans de tests pour voir que ça marche et constater sur le Net que certains l’appliquent avec quelques variantes.

Bibliographie :


Que de livres lus sur l’élevage, la reproduction. Que de visites de pros qui font ça toute l’année avec du matériel de ouf, du picking, des yeux de jeunes munis de loupes, une surveillance au jour prêt au risque de voir la première reine tuer toutes les autres. J’ai même vu des systèmes permettant de sélectionner la semence des males pour faire des inséminations artificielles de reines, avec clipage des ailes pour éviter les essaimages et la pose d’une étiquette attestant de l’année de naissance de la reine.

Bref une vraie chirurgie qui m’a convaincu que la fabrication de gelée royale n’était pas pour moi.

Je préfère les méthodes plus naturelles, car je fais confiance à la nature. Pas d’élevage industriel, pas de marquage de mes reines, je n’aurais pas envie de porter en permanence un chapeau avec un numéro, pas de clipage, j’aime bien mes deux jambes, pas d’insémination artificielle il convient de laisser parler dame nature.


Je choisis ainsi ma meilleure ruche, c'est-à-dire une espèce d’abeilles noires venue toute seule de mon bois, dans une ruche mise à disposition. Douce, elle sait apparemment s’épouiller de varroa même si par prudence, j’allais écrire par bêtise, ou parce que j’ai une étiquette TSA, je traite chaque année en préventif mon rucher alors que je compte le peu de varroas qui tombent.

Certes, la douceur n’est pas toujours signe de productivité, quoique mes ruches ne s’en sortent pas si mal de ce coté et puis surtout, les rares colonies que je perds sont dues à mon pire ennemi : la fausse teigne ! Et à chaque fois, au moment du remérage que je laisse faire tout seul. D’où ma volonté de suivre particulièrement cette étape et de la provoquer au moment le plus opportun de la saison : entre mi avril et fin juin dernier délais.

Quel niveau en apiculture convient-il d'avoir  ?

Débutant, surtout pas besoin de réfléchir, il suffit de suivre les différentes étapes et être patient. Ne pas ouvrir la ruchette au risque de détruire les cellules royales qui vont être construites. Donc, parfait pour l’apiculteur du Dimanche qui n’accède pas tous les jours à son rucher.


Quand réaliser cette manipulation ?

Obligatoirement en Mi Avril/Mai/Juin (dépend du climat) quand les abeilles cirières sont en pleine forme. Ce n’est pas la peine d’essayer en Juillet/Août, ça ne marchera que rarement.

De quel matériel a-t-on besoin ?

La méthode naturelle de fabrication d’une nouvelle colonie :

La ruche mère a été sélectionnée par sa force, sa douceur (mon principal critère de sélection), la couleur bien noire des abeilles (je favorise toujours la reproduction des abeilles noires qui certes, finissent par se colorer un peu en jaune de par la présence de plus en plus conséquente de la Buckfast en France), le nombre conséquent de cadres de couvain qu’elle propose.

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Cadre à jambage (technique Bernard Nicollet)

Mieux, la ruche mère est positionnée dans le rucher à 90 ° de son emplacement initial, ce qui permettra aux abeilles des deux ruches de se croiser plutôt que de suivre le même chemin d’envol.

Que se passe-t-il dans les ruches ?

Au niveau de la ruche mère :

La reine continue à pondre. Normalement, elle est restée dans la ruche mère puisque les cadres prélevés ont été balayés. Elle aura simplement plus de travail puisque son couvain aura perdu trois cadres complets et une grosse partie de ses butineuses qui seront dans la ruchette fille.
Cependant, on a pris garde de ne pas prendre le « vieux couvain » et les naissances ne vont pas tarder. Comme la ruche est déficitaire en butineuses, les nouvelle venues seront directement mis au boulot. Une abeille nait appris (Karl Von Frich) et n’a pas besoin de recevoir une éducation pour travailler. Un signe externe prouvant ces naissances est l'observation d'un petit nuage d’abeilles devant une ruche qui font des allers et retours rapides vers 15-16 heures. Ce sont les jeunes abeilles qui initialisent leur GPS pour retrouver à coup sûr leur maison. Ce petit nuage est aussi visible lorsqu'on ouvre une ruche qui vient d'être désorientée.


Le fait d’avoir fait une division évite ou diminue l’essaimage. C’est donc une méthode de contrôle de l’essaimage. Comme est la méthode qui consiste à donner à construire des cadres de corps et/ou de hausses.
Cette ruche doit être visitée dans les 15 jours. On y recherchera la fin des travaux de construction des cadres qui se traduisent par des excroissances de cire nouvelle au-dessus des cadres, signe qu’il sera temps de poser une hausse.
Si on ne peut pas visiter, il conviendra de poser la semaine suivante ou 15 jours après, selon ses disponibilités, une hausse avec la technique de la feuille de papier.

Au niveau de la ruchette :


Dans la ruchette, le taux de phéromone de la reine aura diminué. Les butineuses seront présentes en grand nombre puisque leur maison est devenue la ruchette. Elles vont s’empresser de faire des cellules royales et d’augmenter le pain d’abeilles, nourriture des larves.

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En plus des cellules royales qui vont être produites, on verra l’apparition de plusieurs globes, sorte de cellule royale avortée ou encore grosse cellule de male en excroissance et surtout ouverte. On appelle aussi ces cellules des « amusettes ». Je me suis longtemps posé la question de l’utilité de ces cellules. C’est en lisant l’ouvrage de Bernard Nicollet que j’ai trouvé une esquisse de réponse à laquelle je ne donne pas forcément bénédiction. Ces globes serviraient à la production de gelée royale devant nourrir le couvain et la reine. Pourquoi je suis dubitatif sur ce rôle  ? Tout simplement parce que je les ai toujours vue vides ! Je dois bien évidemment persévérer dans mes observations jusqu’à obtenir une photo d’un globe plein et bien évidemment sans larve à l’intérieur ! On a vraiment l'impression qu'il s'agit d'un défaut de construction d'une cellule royale car souvent leur paroie est plus épaisse et si on imagine la construction de la celluleroyale celle-ci n'aurait pas été verticale mais plutôt en biais voire horizontale. En tous cas, ces globes restent un mystère pour moi. Si quelqu'un a une idée de leur utilité, qu'il m'envoie un email pour exposer sa théorie.

Il ne faut pas ouvrir la ruchette afin de ne pas traumatiser la colonie qui n’a pas de reine. on pourrait aussi contredire le travail de remplacement de la reine en tous cas, une ruche qu'on ouvre est forcément dérrangée dans son travail. Cela va prendre 16 jours pour que la nouvelle reine naisse, tente de tuer toutes les reines à naître de la ruche. Les abeilles en auront caché quelques-unes au cas où cette nouvelle reine ne revienne pas au bercail (mangée par un oiseau) lors de sa fécondation. Il faut environ 10 à 12 jours après la naissance présumée des reines en début de saison et 5 à 6 jours
en pleine saison (J. FRESNAYE) pour qu’une nouvelle reine atteigne sa maturité sexuelle et qu’elle décide de prendre son envol nuptial. Il faut surtout qu’elle puisse revenir à la ruche une fois fécondée ! Durant cette période, la colonie est dans un état second qui la rend sensible aux agressions externes tel que la fausse teigne ! J'ai observé des ruches fortes, qui sont capables de mettre dehors des larves de fausse teigne, alors que ces mêmes ruches fortes, en période de remérage semblent laisser faire. Du coup, au retour de la reine, la teigne est installée et on observe du couvain tubulaire. Au total, il faut attendre un bon mois avant d’ouvrir la ruchette et constater la présence de couvain frais, signe que la nouvelle reine est fécondée et au travail. Attention si présence de couvain de mâles, c'est qu'ne abeille a pris place de la reine et la ruche est bourdonneuse ! pour vérifier sans ouvir la ruche, il suffit de constater l'entrée des abeilles par le même chemin sur la planche d'envol (présence de la reine) et qu'une abeille sur cinq revient avec du pollen (il y a élevage).

 

Conclusion :

La méthode décrite est à mon avis loin d'être contraignante. Il faut être patient durant un mois et j’avoue que ce n’est pas toujours facile de contenir sa curiosité, sauf si on travaille beaucoup professionnellement et que son rucher est un peu éloigné de son travail !
Lorsque le constat de la présence de la nouvelle reine au travail est fait, il est temps de procèder au transfert de la ruchette dans la ruche définitive à la même place que la ruchette. Si on veut changer de place, il va falloir désorienter la ruche, ce qui n'est pas l'objet de la méthode ! interdit de poser une hausse sur une ruchette. là aussi j'ai vu faire et ce n'est pas une bonne solution pour passer l'hiver. j'en ai même vu qui laissent les hausses durant l'hiver. La grappe ne sachant comment se déplacer dans un tel environnement se voit souvent mourrir... de faim et en présence de réserve abondante !


Pour ce faire, toujours à midi solaire, dans de bonnes conditions météo et de ressenti abeilles, on pose une ruche neuve de 10 ou 12 cadres à l’emplacement de la ruchette que l’on aura décalé d’un coté. Cette nouvelle ruche disposera de cadres gaufrés neufs ou de cadres à jambage qui viendront encadrer le couvain de la ruchette. Les cadres construits contenant les réserves de miel seront mis en bordure de ruche. Il est très important que les cadres de rive soient construits pour pouvoir passer tranquillement l’hiver. J'ai vu trop de jeunes apiculteurs poser des hausses alors que le corps n'était pas complétement construit. résultat : une récolte mais surtout une mortalité en sortie d'hiver par manque de nourriture. Difficile de rattraper su le constat se fait en août/septemenbre. il n'y a plus de cirière. Seul moyen de s'en sortir : l'usage de partitions et le nourrissage. Là encore, on aide la ruchette à devenir ruche avec du sirop 50/50. On visitera de nouveau cette ruche dans 15 jours pour contrôler que tous le cadres ont été construits avant de poser une hausse avec ou sans la technique de la feuille de papier. Interdit de poser une hausse si tout n’est pas totalement construit. J'insiste vraiment sur ce point source de catastrophes programmées par l'apiculteur lui-même !

Pour faire ce type d’essaims artificiels, il est bien évidement possible d’utiliser une ruche neuve en lieu et place d’une ruchette, à condition d’avoir une série de partitions. Il est en effet difficile de demander à une colonie de faire des cellules royales et de construire simultanément des nouveaux cadres. Le volume d’une ruche entière, sous certains climats est beaucoup trop important à chauffer. Jeunes et moins apiculteurs, vous disposez maintenant d'une méthode simple et efficace d'augmentation de cheptel et de regulation de l'essaimage. Au boulot !